Pascale VIOLLAND
Plasticienne
Pascale Violland conduit depuis plusieurs années un travail d’expression sur le paysage alpin, paysage géographique autant qu’humain.
Dans un dialecte plastique, ses créations nous suggèrent une possible communauté de sens. Leur forme, leur matière, leur technique, leur esthétique aussi, renvoient à la manière d’une résonance insolite et contemporaine, aux objets usuels et aux gestes précieux du monde paysan.
Place est aussi donnée à la mémoire des anciens évoquant saisons, souvenirs d’alpage ou travaux des champs, le long de textes porteurs de paroles vives et poétiques. Des pages où les mots nous tiennent parce qu’ils tiennent parole…
Recueil de paroles
L’expression écrite a d’abord accompagné sa démarche de plasticienne en tant qu’outil l’aidant à identifier le sens et les formes de son travail. Au fur et à mesure des années, le langage écrit a évolué jusqu’à devenir œuvre à part entière : « l’Art dans la ville » - Saint Etienne en 2001, « Les mots pour voir » - la Halle de Pont Royans en 2003. Son travail, qui porte sur les formes du patrimoine, l’a amenée à aller à la rencontre des personnes âgées pour recueillir leur part de mémoire.
Une relation se noue, une personne prend la parole avec ses mots à elle. Pascale Violland affûte son écoute et saisit les mots tels qu’ils se disent. « Des mots comme des lumières, puissance évocatrice du parler rural, des expressions populaires ».
Du paysage de l’oralité à celui de l’expression écrite, elle essaie de se défaire de tout effet de littérature pour rester au plus près du langage singulier, de celui ou celle qui parle. Les mots lui appartiennent, parfois échappent trébuchent sur des silences, des oublis. Peu suffit : des dates, des lieux-dits, des prénoms… et tout existe.
Au-delà du témoignage, nous sommes face à des paroles porteuses de poésie, où la poésie se dit avec des mots justes et simples.
Créations et installations
L’artiste Pascale Violland nous propose une nouvelle topographie mentale du monde montagnard et des us et coutumes de ces sociétés porteuses de mémoire. Le parcours d’œuvres proposées au Musée de la Pente permettra au visiteur de mettre ses pas dans les siens pour découvrir un nouveau territoire.
Après procédés de collage et moulage, des chaussures, gants, sacs à main ou à dos réalisés en papier et carton : autant de signes de vie délicatement insufflés, murmure de la présence des hommes.
Une randonnée en montagne transcrite, mètre par mètre, de son point de départ à celui d’arrivée, à l’encre verte sur une carte IGN, rend visible la cadence et la durée de la marche vagabonde sur le territoire. La superposition des signes, l’expression formelle de la narration, ouvrent une nouvelle page à la littérature dite de montagne.
De grandes coulures de henné, mélange d’herbe broyée et de colle, la matière se répand sur la surface du papier : ruissellement de matières, limons, sédimentations, flux moussus, intensité de vert, nuances, transparence, … matin d’alpage.
Enfin, après récolte en juin, ce mois des foins, de grandes herbes patiemment tressées et crochetées dessinent maille par maille les souples ondulations de nos paysages de prairies. Dans une communauté de formes et de sens, le geste artisanal devient geste artistique, tissant des liens entre le monde du patrimoine et celui de l’art contemporain.